Ce matin, j’avais prévu de sortir une vidéo du Laboratoire Créatif.
Je l’avais écrite. Je l’avais préparée. Je l’avais tournée.

Mais hier, quand j’ai voulu la monter à 17h, je me suis rendu compte que la qualité n’était pas au rendez-vous. J’avais manqué le paramétrage de mon micro et le son n’était pas bon.

J’ai d’abord pensé la publier quand même, car les conseils dedans étaient de bonne qualité et que je m’étais engagé à en sortir une chaque lundi.

Mais je n’étais pas fier. Et publier son travail quand on n’est pas fier, c’est souvent signe qu’il faut s’arrêter.

Mon hésitation était légitime : C'est toujours très dur de juger la qualité de son travail. 

  • A quel moment est-ce suffisant ? Où fixer le curseur ?
  • Est-ce que ça va plaire aux gens qui écoutent, regardent ou lisent le résultat ?
  • Est-ce qu'il est temps de s'arrêter ou est-ce qu'il faut recommencer ?

C'est très dur d’être juste car on ne sait jamais vraiment quel est le bon juge pour estimer le résultat.

"Comment juger de la qualité de son travail ?"

Le regard des autres

Le regard des autres est spontanément notre premier juge.

Oui on veut s’en défaire. Oui le rêve stoïque d’en être complètement émancipé est dans nos têtes.

Mais dans les faits, qui peut oublier les réactions que notre travail suscite ?

C’est très rare de réaliser un travail dont on sera le seul spectateur. Car le travail que l’on produit, qu’on soit salarié,entrepreneur, artiste, s’inscrit toujours dans une logique de société.

Et il suscite des réactions, des retours, et parfois des critiques.

Qui n’a jamais vu la vidéo d’Amandine du 38 à l’aube de Youtube en 2006 ?
Comment la pauvre Amandine devait-elle juger à l’époque son travail alors qu’elle prenait insulte sur insulte après avoir exposé ses premiers raps aux yeux de tous ?

Qu’on l’accepte ou non, le premier juge de notre travail est la réaction des autres.

Elle nous encourage et nous effraie. Et il faut s’en servir pour avancer, en évitant ce qu’elle peut avoir de bloquant en nous.

Marina Chiche, l’incroyable violoniste française, m’expliquait dans le dernier épisode d’Inspiration Créative comment la critique des autres parents d’enfants savait été source de doute et de remise en question quand elle était petite.  

Mais pourtant, malgré ce regard dur de la critique, s’en affranchir et s’appuyer dessus pour se tirer vers le haut a été aussi une source d’endurance et de motivation pour le développement de sa musique.

Arrêter quand le jugement bloque l'action

Bravo, vous arrivez désormais à prendre du recul sur le jugement de votre travail par les autres.

Mais il reste cette petite voix en vous qui remet tout en question. Elle vous dit que ce n’est pas très bon. Elle résonne à travers les centaines d’exemples plus réussis que vous avez déjà observés.

Alors quand est-ce qu’il faut se satisfaire ?Quand est-ce qu’il faut se dire que c’est suffisamment bon ?

C’est toujours très dur à estimer.

J’ai l’impression qu’il faut être satisfait de la qualité réalisée à partir du moment où votre jugement pourrait commencer à vous empêcher d’avancer. Ce serait signe que la petite voix dans votre tête n’avance plus dans votre sens.

Elle va à l’encontre de votre volonté, au lieu de vous pousser à poursuivre votre chemin.

Pour la contrôler, posez-vous quelques questions :

  • Est-ce qu’il y a vraiment une vérité dans ce qu’elle me dit ?
  • Est-ce qu’elle me sert encore ?
  • Depuis quand je l’entends me dire cela ?

Remerciez-là et remettez là à la bonne place. Là où elle doit vous aider, pas vous bloquer.

Une bonne boussole pour juger la qualité

Si tu écris avec plaisir, le lecteur le ressentira.
Si tu travailles avec plaisir, ton auditoire le remarqueras.
Si tu avances avec passion, ton travail évoluera.

Le plaisir est souvent une excellente boussole pour juger de la qualité de notre travail.

Pas parce qu’il garantit une qualité !
Mais parce qu’il garantit une attitude.

L’attitude de la personne qui donne son maximum. L’attitude du curieux. L’attitude de celui qui veut mieux faire. L’attitude de celle qui veut apprendre.

Cette attitude ne donne pas un travail d’expert au premier jour. Mais dans le temps,c’est elle qui donne les effets composés avec les plus beaux résultats.

Prenons l’exemple simple de Léonard de Vinci :contrairement à ce que l’on aime dire, ce n’est pas un génie. Ou alors c’est un génie de la curiosité.

Quand on lit sa biographie, on comprend qu’il ne partait pas avec des prédispositions.Mais il avait surement l’attitude curieuse la plus forte qui existe. Et d’années en années, cette attitude l’a non seulement transformé en expert, mais la qualité de son travail est devenue exceptionnelle.

Mais lorsqu’il taillait sa première sculpture, s'il avait écouté le regard des autres ou donné de la place à la mauvaise voix intérieure, peut-être qu’il se serait arrêté. Ou aurait perdu du temps.

Alors cherchez l’attitude appropriée, plutôt que la qualité parfaite.

Elle vous guidera sans vous tromper, pour juger la qualité de votre travail.